Souffrances des combattants
DELVERT Charles
Lundi 15 mai. (Il arrive à Verdun)
« Pendant tout le trajet, pluie battante. […] Le pays que nous traversons est varié, mamelonné, coupé de bois. Dans la verdure les chênes rouvres et les peupliers dont les feuilles ne sont pas encore poussées mettent des notes rousses, comme à l'automne, moins riches, mais plus douces. La pensée, toutefois, reste peu sensible à ces objets. Invinciblement elle se reporte vers le Fort de Douaumont où nous allons.
L'idée de Verdun et de la mort pèse, je le sens, sur toute la colonne et rend les hommes plus irritables... […] Je regardais mes pauvres troupiers. Ils traînaient lamentablement sur la route, ployés en deux sous le poids du sac, ruisselants d'eau, et cela pour aller se faire écrabouiller dans des tranchées boueuses ! »
Vers la bataille