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Présentation

LE PROJET PÉDAGOGIQUE

       ​La Grande Guerre a généré une vague massive de témoignages émanant de combattants ou de civils, sous des formes extrêmement différentes : citons, entre autres, les correspondances, les carnets de notes ou les souvenirs de campagnes, parfois romancés. La généralisation de la culture écrite à la fin du XIX e siècle a ainsi offert à l'historien des sources précieuses pour travailler au plus près des témoins issus de tous groupes sociaux. Dans l'enseignement de la Grande Guerre, ce type de sources est incontournable : un rapide coup d’œil sur les manuels de collège comme de lycée suffit à s'en convaincre.

      Pourtant, ces manuels proposent souvent des extraits de témoignages décontextualisés, muets sur la nature du témoignage (roman, carnet de guerre, lettres,... ?) les auteurs (combattant/non combattant, arme, grade,...) et le contexte des événements relatés (ex : « l'assaut » sans que l'on sache où ni quand). (1)

         Ainsi noyé dans d'autres extraits, appelé à restituer le « vécu-type » de la guerre, chaque témoignage perd toute son épaisseur, comme vidé de ce qui en fait sa spécificité : la dimension subjective du témoin et la singularité de chaque trace. Reste alors le sentiment d’une guerre vécue uniformément par tous. Or, la guerre n'est pas la même pour tous les acteurs de cet événement. Prenons le cas des combattants : « il est évident que les artilleurs de la Lourde (artillerie lourde) situés à plusieurs kilomètres de la ligne de front ne font pas la même guerre que les fantassins qui tiennent leurs tranchées à quelques centaines de mètres, parfois moins, des tranchées ennemies. Ni les souffrances, ni les risques ne sont les identiques selon que l'on est fantassin en première ligne, musicien, chauffeur du général, médecin-major ou aviateur » (2). Concernant la troupe, le pourcentage de pertes françaises par rapport aux mobilisés suffit à souligner l'importance de travailler sur l'identité sociale et militaire du combattant : 6 % dans l'artillerie, près de 23% dans l'infanterie.

          Le travail proposé ici tente de montrer la complexité du vécu, la variété des expériences, les incertitudes, les doubles discours, à travers un usage réfléchi de la masse de témoignages offerte pour cette période. Une telle présentation ne prétend pas, cela va sans dire, à l'exhaustivité.

(1) Voir l'entretien entre Nicolas Offenstadt et Benoît Falaise sur le site du CRID 14-18

(2) F. Rousseau, La Grande Guerre en tant qu'expériences sociales, Paris, Ellipse, 2006, p. 48

Marty Cédric, janvier 2013

m.marty.hg@gmail.com

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